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Homélie du 29 juillet 2012 (Eglise Saint Ignace)

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Homélie du 29 juillet 2012 (Eglise Saint Ignace) Empty Homélie du 29 juillet 2012 (Eglise Saint Ignace)

Message  ALEXANDRE VIII Mar 28 Aoû - 14:13

17e DIMANCHE ORDINAIRE (B)

Jean 6, 1-15

Père Nicolas STEEVES, jésuite
dimanche 29 juillet 2012




Comment recevoir un évangile qui s’émerveille de la surabondance du pain, frères et sœurs, dans un monde qui souffre de surconsommation ? Un seul chiffre : le gaspillage alimentaire est tel, aujourd’hui, qu’on estime qu’un tiers de la production alimentaire mondiale est jetée, la bagatelle de 1,3 milliards de tonnes de nourriture par an ; tandis que d’autres, nous le savons, meurent de faim. Face à l’énormité de ce gaspillage, la surabondance des pains et des poissons multipliés par Jésus a-t-elle encore un sens pour nous ?

Je voudrais vous partager une autre question, qui porte sur la qualité des aliments eucharistiques. Comment recevoir de bon cœur cette petite galette de blé toute simple, presque sans goût, alors que nous sommes coincés entre le marché biologique le plus cher du monde et la Grande épicerie du Bon Marché ? Au milieu de tant d’aliments succulents et colorés, quel regard portons-nous sur ces petits pains plats et blancs qui deviennent le Corps du Christ ? Face des mets si riches et variés, quel goût pouvons-nous trouver à l’hostie ?

En somme, frères et sœurs, quel sens à pour nous aujourd’hui la multiplication des pains ? Je ne pose pas cette question pour nous entraîner dans une énième culpabilisation alimentaire, personnelle ou nationale. Cela n’aide personne de répéter devant un bon repas que d’autres n’ont pas tant de chance. Mais devant la désaffection de nos assemblées eucharistiques et le gaspillage alimentaire, il faut nous interroger. Pouvons-nous encore croire que la multiplication des pains, qui se prolonge dans l’eucharistie, est une Bonne Nouvelle ? Pouvons-nous partager cette Bonne Nouvelle à nos voisins, proches et amis ?

La contextualisation historique peut nous aider à comprendre le décalage entre l’évangile et nous. La société où l’évangile fut écrit était bien différente de notre société de consommation. L’agriculture n’était pas intensive ; les aléas climatiques étaient difficilement absorbables ; les transports ne permettaient pas d’exporter des aliments à des milliers de kilomètres. La multiplication surabondante de pain apparaissait alors plus facilement comme un signe éclatant de l’immense générosité de Dieu. Élisée avait jadis multiplié le pain pour le peuple en temps de famine ; Jésus multiplia aussi les pains d’orge et les poissons pour les foules qui le suivaient. Signes de la surabondance du don de Dieu, qui donne sans mesure, mais que nous peinons à lire aujourd’hui.

Cependant, le contexte n’explique pas tout : dans la société antique, les inégalités étaient déjà grandes. À l’époque de Jésus, le palais d’Hérode et les maisons des publicains regorgeaient sans nul doute d’aliments, tandis que veuves et orphelins mendiaient leur pain quotidien. Pour les riches du temps de Jésus, une surabondance de cette nourriture de pauvres, des pains d’orge et des poissons du lac, ne devait pas représenter une chose extraordinaire. Jésus a multiplié les pains et les poissons, mais il ne les a pas transformés en viandes grasses et vins capiteux… Déjà alors, une sobriété déconcertante.

Je crois qu’un élément clef de cet évangile, c’est qu’il montre un peuple en marche, à la suite de son Dieu. Ceux qui ont quitté leur vie quotidienne pour suivre Jésus ne sont pas sans rappeler les Israélites qui fuirent l’esclavage de l’Égypte pour être des enfants de Dieu libres. Libres du péché, mais au désert, loin de la sécurité alimentaire : le peuple en marche a eu faim et a pleuré les oignons du Nil. Dieu lui a alors donné la manne, ce pain descendu du ciel dont la merveille principale est qu’il suffit à chaque jour : générosité et sobriété. En Galilée, la foule qui suit Jésus a, elle aussi, faim. D’abord, faim de liberté, faim des paroles que Jésus prononce, qui libèrent, guérissent, consolent : c’est pour cela qu’elle s’est mise en route, par faim spirituelle. Mais maintenant, elle a aussi faim dans son corps. Vous avez peut-être déjà fait cette expérience, en randonnée, en montagne : quand on marche longtemps et loin de tout, les mets les plus simples, du pain, une gorgée d’eau, retrouvent toute leur saveur.

Frères et sœurs, que dire pour aujourd’hui ? Nous avons chacun notre rapport à la nourriture. Rapport souvent compliqué, entre gourmandise et régime, gaspillage et avarice, boulimie et anorexie parfois. Comment faire pour que dans nos vies et autour de nous, il y ait une vraie faim de la Parole de Dieu et du Pain eucharistique ? Comment faire pour que l’eucharistie attire de nouveau ces foules d’hommes et de femmes qui consomment tant et semblent si peu rassasiés ? Comment faire pour que nos messes ne soient pas des petits dîners entre amis, mais signes du festin large et sobre pour lequel Dieu nous a créés ?

Il n’y a pas, en conclusion, de réponse facile à ces questions. Mais je crois que le fait de nous mettre en marche, comme le peuple, est la première condition nécessaire. Nous mettre en marche par le jeûne et la prière, en discernement avec Dieu. Concrètement, de quoi pourrais-je jeûner pour retrouver l’appétit de l’eucharistie : jeûne de nourriture, jeûne de paroles, ou à l’inverse, pour ceux qui mangent ou parlent trop peu, jeûne de raffinement, de sveltesse, de solitude ? Au cœur de notre vie, le fait de nous mettre en marche nous fait voir le Seigneur Dieu comme le Père provident qui comble toutes nos faims, tout en creusant notre désir. Accueillons Dieu dans le cœur-à-cœur amical de la prière pour nous sentir d’abord accueillis à sa fête et aimés par lui. Et quand la simplicité de l’eucharistie aura retrouvé pour nous un goût de fête, partager avec les pauvres qui ont faim deviendra une évidence : la surabondance du don de Dieu pourra déborder par nos mains parce que nous serons ancrés dans la confiance et dans la joie.

© Compagnie de Jésus




ALEXANDRE VIII
ALEXANDRE VIII
Pape (Nicolas Eymerich)

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